Le Haut-commissaire à la réforme des retraites a présenté le 18 juillet son rapport d’étape qui préconise le « prolongement de l’activité » par système de décote et l’instauration d’un système universel par points dont le principe même est rejeté par FO.
Libre à vous de clore votre carrière à 62 ans, mais ce sera, pour la plupart, à vos dépens, c’est-à-dire avec une retraite amputée par un malus suffisamment incitatif. Une éventuelle pension de réversion (réservée aux couples mariés), que l’on savait dans le collimateur, ne présentera même plus un espoir conséquent, avec la fusion des différents régimes que l’on n’imagine pas tirant les montants vers le haut. Ce sont quelques-unes des recommandations du rapport d’étape présenté par le Haut-commissaire à la réforme des retraites aux interlocuteurs sociaux, syndicats et organisations patronales, le 18 juillet 2019.
62 ans devient ainsi un âge rabot et 64 un « âge pivot », ou, toujours selon la nouvelle terminologie, un « âge d’équilibre », sous-entendant qu’il sert à équilibrer les comptes mais sans guère tenir compte de l’équilibre physique de bien des salariés à cet âge.
En effet, comme l’a rappelé le secrétaire général de FO Yves Veyrier lors de son intervention dans le cadre de cette présentation, l’espérance de vie en bonne santé « est aux alentours de 63 ans. Certes, on ne tombe pas gravement malade à 63 ans, mais on rencontre les premiers soucis de santé qui font que selon les cas, selon les professions, selon les métiers, il est très difficile de pouvoir continuer à travailler ».
Précédemment, il avait souligné à propos du malus visant à inciter, si ce n’est obliger, au prolongement de l’activité que, « outre le recul de l’âge pour tous », il « pénaliserait injustement tous ceux qui ne sont déjà plus en activité ».
Cette présentation était aussi et surtout la recommandation d’un « système universel » et par points, devant remplacer les 42 régimes existants et entrer en vigueur en 2025, faisant ainsi de ceux nés en 1963 les premiers concernés.
« On nous l’avait présentée comme non destinée à réaliser à nouveau des économies, non destinée à toucher à l’âge de départ et on entend parler d’un âge pivot, d’un système de bonus-malus... En fait le système universel va absorber tous les régimes existants et surtout il va être une sorte de réforme paramétrique permanente entre les mains du gouvernement », a dénoncé le matin même sur RTL le secrétaire général de Force ouvrière.
Pour ce dernier, « un régime universel par points conduirait incontestablement à dégrader les droits existants. Le niveau de pension serait en baisse pour beaucoup car il serait calculé sur toute la carrière et non plus sur les meilleures années, avec comme conséquence un âge effectif de départ retardé de fait pour celles et ceux ne pouvant bénéficier d’une pension suffisante le moment venu ».
Ce dernier a également souligné que de plus « à tout moment demain le gouvernement pourra agir sur la valeur du point à l’achat, comme sur la valeur du point au moment de la conversion en pension et agissant ainsi, il pourra jouer sur le niveau de la pension, et de fait vous inciter à travailler pour acquérir des points supplémentaires parce que votre retraite ne sera pas suffisante ».
De son côté le Medef, sans surprise, a annoncé qu’il « soutiendra les grands principes de cette réforme" tandis que la CFDT s’est félicitée du fait que ce rapport est la preuve que « la mise en place d’un système universel est possible », tout en estimant "totalement stupide de fixer un âge de liquidation de la retraite complète à 64 ans ». Il y a « beaucoup d’enfumage », notamment en disant que l’âge légal reste à 62 ans, ce qui revient à « prendre les gens pour des imbéciles », a déclaré le secrétaire général de la CGT.
Pour FO, « ce projet fait en réalité porter au système de protection sociale la responsabilité des défaillances des politiques économiques qui ont échoué à réduire le chômage de masse et la précarité et contraignent nombre de salariés à subir des emplois peu ou mal rémunérés, à temps partiel subi. De nombreux salariés ne sont d’ailleurs d’ores et déjà plus en activité au moment de faire valoir leurs droits à la retraite ».
FO a d’ailleurs décidé de multiplier « les réunions d’informations avec en perspective un rassemblement d’ampleur nationale à Paris le 21 septembre avec l’objectif de convaincre de la nécessité d’une mobilisation de l’ensemble des salariés à la hauteur de l’enjeu », son secrétaire général précisant : « Nous l’avons dit : s’il faut aller à la grève d’ensemble pour préserver la retraite et la protection sociale, FO y est prête et déterminée ».