Fin du télétravail au Conseil départemental : des tensions
Par Xavier BROUET – RL 27-08-2021 - Temps de lecture : 3 min
Après une expérimentation plutôt encourageante, le télétravail génère des tensions au sein du Département. Le retour en présentiel des agents au 1er septembre provoque la levée de boucliers des syndicats, mais la direction s'en explique et annonce l'ouverture de négociations.
La fin du télétravail au Conseil départemental de la Moselle marqué par le retour en présentiel à compter du 1er septembre constitue-t-elle une mesure de rétorsion à l'encontre d'un personnel indocile ? D'aucuns représentants syndicaux des quelque 3 200 agents l'assurent. La direction générale des services s'en défend. Explications.
Bonne productivité
Consécutivement à la loi de 2016 permettant le télétravail jusqu'à 3 jours/hebdo, une expérimentation débute en 2019 dans les services du Département. Soit avant l'émergence de la pandémie de covid.
Sur la base d'une charte, un appel à volontaires permet alors d'identifier 170 candidats. La convention négociée, autorise un fonctionnement en télétravail de 1 à 3 jours/hebdo ou sur une base forfaitaire au mois à raison de 3 jours hebdo maximum. Cinquante agents essuient les plâtres. Les 120 autres suivent ensuite. Les essais sont probants et la formule emporte l'adhésion générale.
Survient la crise covid et son corollaire, les confinements à répétition. Quelque 1 200 agents y sont contraints, tandis que ceux dont les postes ne sont pas délocalisables bénéficient d'autorisation spéciale d'absence. Là encore de l'avis général les choses se passent bien.
« Les gens se sont peu à peu investis dans ce nouveau mode de fonctionnement et la productivité n'en a pas été affectée, bien au contraire », souligne Gilbert Chaumont secrétaire FO, syndicat majoritaire.
«On mélange tout»
Mais selon l'intéressé la situation se gâte en juin à l'occasion d'un comité technique au cours duquel doit notamment être évoquée la revalorisation du régime indemnitaire des agents. Un point retiré « sans explications » de l'ordre du jour. Un article dans Le Républicain Lorrain relate alors l'émoi des syndicats.
Pour Gilbert Chaumont, cette initiative aurait fâché la direction l'incitant à rétropédaler sur le télétravail et à « punir » les agents en refermant la parenthèse. « Il est alors même question de faire revenir en présentiel les 170 personnes en télétravail avant le covid. Ce qui signifie un nouveau bouleversement notamment dans leur vie de famille », s'offusque le délégué FO.
Les esprits s'échauffent et finalement la direction rétropédale, concomitamment à un nouvel article de presse : les 170 agents pourront poursuivre le télétravail au-delà du 1er septembre. Marc Houver se défend pourtant d'agir sous la pression médiatique : « On mélange tout, il ne s'agit pas de punir qui que ce soit », objecte le directeur général des services.
« Le télétravail, non seulement j'y suis favorable, mais je l'ai initié. À la condition, bien sûr, d'en faire une évaluation, conformément d'ailleurs à la devise du Département qui est : évaluer pour évoluer. Il ne faut d'ailleurs pas confondre cette forme d'organisation avec le mode de travail dégradé que constitue le confinement. Avant de reconduire l'expérimentation concernant les 170 agents, je voulais disposer de tous les éléments, cela n'a rien à voir avec tel ou tel article de presse. Nous ne sommes pas dans la cogestion, on gère des deniers publics, tout doit se faire de manière concertée et maîtrisée en accord avec l'encadrement. Il s'agit d'un ouvrage ciselé, à maille très très fine ».
En clair, la précipitation n'est pas bonne conseillère. Tout en prenant acte de cette décision, Gilbert Chaumont réclame un « rétroplanning » des discussions à venir sur le télétravail, conformément à la loi fixant l'ouverture de négociations avant la fin de l'année.