C’est une bévue qui a ulcéré l’Elysée et nourrira les cortèges qui manifesteront à l’appel de la CGT et FO.
Le 6 mars, le MEDEF a signé avec la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC un relevé de conclusions peu contraignant, visant à créer 1 million d’emplois dans toutes les branches, en échange d’au moins 30 milliards d’euros de baisses durables de cotisations patronales. Pierre Gattaz a alors cru bon de claironner devant les chefs d’entreprise que ce pacte de responsabilité ne les empêcherait nullement de se verser, ou de verser à leurs actionnaires, autant de dividendes qu’ils le souhaiteront. Au moment même où à la radio, Jean-Marc Ayrault promettait l’inverse ! « Gattaz a beau arborer son célèbre pin’s ' 1 million d’emplois’, nous l’agiter sous le nez telle une muleta, cela ruine la crédibilité du patronat, enrage un élu socialiste. Cela mine aussi nos efforts pour convaincre les électeurs qu’un choc est nécessaire pour redresser l’emploi. »
Dégât collatéral, ce tangage place la CFDT, principal partenaire de Michel Sapin, dans une position délicate pour négocier des accords. Face notamment à Force Ouvrière qui clame : « Le patronat, c’est ‘prends l’oseille et tire toi’.»
Mais le pire est à venir. Alors qu’il devait redonner de l’air à François Hollande, le pacte de responsabilité, mal engagé, divise les députés. Déjà, derrière Benoit Hamon, l’aile gauche du PS demande qu’il incluse dans ses contreparties une baisse du « coût du capital » et donc des fameux dividendes, sanctuarisés par Gattaz.