Quelque 2.400 personnes selon la préfecture, essentiellement des travailleurs sociaux, ont défilé silencieusement jeudi 2 avril à Nantes pour rendre hommage à un éducateur de 49 ans assassiné sur son lieu de travail en mars et réclamer davantage de moyens, a constaté une journaliste de l'AFP.
Une petite pancarte au milieu du cortège proclamait « Nous sommes Jacques », l’éducateur spécialisé du service social de protection de l’enfance, tué d’un coup de couteau par un père de famille en tentant de l’empêcher d’agresser son ex-compagne, lors d’un droit de visite médiatisé (encadré par un professionnel) avec leur fillette de quatre ans.
« On se dit ,et demain, ça peut être nous, donc on se sent très mobilisés et très concernés par ce qui nous arrive », a expliqué à l’AFP Stéphanie, travailleuse sociale à Angers. «Régulièrement, et encore il y a peu de temps, on a dû faire appel aux forces de police pour quelqu’un qui nous menaçait au couteau et on est vraiment très inquiets de l’avenir », a-t-elle ajouté.
« On est avec des moyens de plus en plus réduits, aussi bien moyens humains que financiers, et ça met les gens qui sont dans la précarité dans une angoisse carrément existentielle et ça peut déchaîner des violences. Et nous, après, il faut qu’on gère et parfois, ça finit mal », a regretté de son côté Irène, une assistante sociale exerçant à Nantes.
Les travailleurs sociaux ont défilé sous la pluie derrière une banderole avec le slogan « salariés du social et du médico-social en danger ». Une délégation intersyndicale devait être reçue à la préfecture.
Formation pour faire face aux violences
A Lille, à la mi-journée, une trentaine de travailleurs sociaux se sont également rassemblés, devant le siège du département du Nord. « Nous sommes ici en résonance à ce qui s’est passé à Nantes. Nous voulons alerter les gens sur les conditions d’exercice du travailleur social », a dit Dominique Thiéry, 54 ans, assistante sociale à Loos et syndicaliste à Sud. « La précarité et la pauvreté augmentent de manière exponentielle, alors que les moyens humains n’augmentent pas », a-t-elle ajouté.
Devant une pancarte « Travail social en danger », Cécile, aide sociale à l’enfance à Lille, regrettait, elle, « des procédures de plus en plus lourdes qui éloignaient les travailleurs sociaux du terrain ». Elle souhaiterait avoir des formations pour faire face à des situations de violence, soulignant « être souvent en contact avec un public imprévisible » et « qu’elle doit aller dans des quartiers où la police ne va plus ».
Le 19 mars dernier à Nantes, un père de famille – actuellement écroué pour « assassinat » et « tentative d’assassinat » – s’était rendu dans les locaux de la protection de l’enfance en possession de plusieurs couteaux, alors qu’il avait 1,4 g d’alcool dans le sang.
Après avoir asséné un coup de couteau fatal, au niveau de la carotide, au travailleur social, il avait pourchassé son ex-compagne, qu’il n’aurait pas dû croiser, la frappant de plusieurs coups de couteau avant d’être maîtrisé par les clients d’un restaurant voisin. La femme est sortie de l’hôpital mercredi, a indiqué jeudi son avocate à une correspondante de l’AFP.